Pince-moi, je crève !

Il faut encore y revenir ...

Revenir à cette rue ...

Comme un leitmotiv.

Un sentiment lancinant, telle une douleur fugace qui s'installe et réclame des huiles apaisantes ...

La rue s'impose, s'oppose, implose ...

Et pourtant ...

Ils continuent à regardez le monde en se penchant ...

Mauvais penchant ...

même en ouvrant les fenêtres et en se pensant bien penchés ...

En s'imaginant, s'inventant, une hauteur bien pensante, avec vue dégagée sur les hommes ...

Mais l'éloignement se fait vertige et le monde s'éloigne ...

Restez perchés pour éviter la chute fatale ...

Plus dure alors sera l'inévitable fracture !

Et la facture s'allonge ...

Les chiffres succèdent aux chiffres ...

L'indifférence n'est plus une bulle spéculative.

Hier encore, elle faisait bonne figure.

Entre SDF, toxicos au bout du rouleau et apparentés, ça souquait ferme ...

Quelques dizaines de victimes, tristes dégats collatéraux, dont les faire-part anonymes (avant la fosse commune) en brefs et laconiques communiqués dans les tuyaux encombrés cathodiques et FM, boostaient les porte-monnaie exsangues de la rue toujours solidaire.

Sourde aux vulgaires échos des perchés à jamais foireux !

Mais depuis des mois, l'indifférence est une valeur à la hausse, sans doute bientôt cotée en bourse ...

Ça rigole plus.

Les cadavres se ramassent à la pelle et la macabre comptabilité se fait à la louche.

La mer déborde !

L'indécence aussi ...

On se réunit.

On se penche sur la question.

Additions, soustractions ...

Les comptes d'apothicaires succèdent aux exercices d'équilibristes mortifères ...

L'immonde copule avec l'effroyable ...

Pince-moi je crève !

Je me souviens, au siècle dernier ...

On disait alors, "On ne savait pas" ...

On disait alors, "Plus jamais ça" ...

Comme une promesse, un serment ...

On disait ...

Comme ... un pari perdu !

Pince-moi, je crève.

Le Haïm ...

See You Later !!

D.