Scènes de la vie transfrontalière

Nombreux sont les Mullhousiens et autres habitants du Haut-Rhin à traverser tous les jours la frontière, suisse ou allemande, pour des raisons professionnelles.

Dès 5h du matin,  l'A35 se la joue périphérique parisien, tandis que le TER s'improvise RER pendant quelques heures. Et autour de 17h, les mêmes scènes se rejouent à l'envers.

Le travailleur frontalier n'est pas le seul à sauter quotidiennement, ou presque, les frontières. D'autres s'évadent, entre Suisse et Allemagne, pour de plus plaisantes activités.

Justement, l'évasion, c'est l'un des petits bonheurs d'une dérive bâloise. La métropole suisse se découvre à pieds, s'offre sans état d'âme au flâneur curieux.

Aller à Bâle, c'est à chaque fois un improbable et réjouissant dépaysement ... Une douce plongée dans une "way of life" si loin, si proche...

Un autre monde, mais pas vraiment... Un truc à part, une petite musique à la cool, entêtante, qui très vite devient familière... et qui, très vite, aussi, s'impose comme une bouffée d'air indispensable, un passage obligé, désiré, pour reprendre son souffle.

Loin de la caricature d'une Suisse rigide et refermée sur elle-même, Bâle est une terre plutôt accueillante, pleine de surprises, voire de paradoxes.

Ainsi, si le luxe y a table ouverte et y tient salons, il a, plus qu'ici, le goût prononcé du mélange...

Ainsi, entre bistrots fumeurs, culte de la terrasse (avec couvertures en hiver) et hautes ambiances nocturnes, la French Touch y est toujours bien vivace, alors qu'ici elle n'est plus que regrets et nostalgie.

En passant l'autre frontière, c'est à d'autres activités que l'on se consacre. On ne flâne pas en Allemagne voisine, on y vient plutôt pour gagner.

Gagner... du pouvoir d'achat.

De Mülheim à Weil am Rhein, en passant par Neuenburg, on fait ses courses. L'itinéraire est souvent le même: la ménagère remplit son panier chez DM... On fait provision de clopes chez l'un des nombreux tabacs du centre ville. Puis, pour faire plaisir aux gosses, on se tape une coupe de glace bien garnie... Car ici, c'est moins cher !

On y vient pour gagner... pour faire tomber les pièces des machines à sous.

Car le long de ces routes monotones se cachent des "spielsalons" , soit des salles de jeux, où l'on peut titiller de la machine à sous, de 8h à minuit, sans discontinuer: les boissons y sont offertes, l'atmosphère enfumée et les parkings débordants de 68.

Flâner en Suisse... Commercer en Allemagne...

Faites vos jeux.

Rien ne va plus...

See you Later !

D.