Isabelle Ruiz, au milieu du monde... (2)

Suite et fin (pour le moment) de notre tentative de tirage de portrait d'Isabelle Ruiz, auteur, metteur en scène, comédienne, et plus si affinités.

L'artiste mulhousienne ne s'interdit rien, sauf de brider ses champs d'expression.

Dans sa dernière création, Andrée Boulais, marketing manager, 55 ans et quelques heures..., elle ose le tango, détournant les codes de cette danse en un symbolique duel à l'ombre portée de l'ultra libéralisme économique et de la course effrénée à la productivité mondialisée.

Encore une fois, une fois de plus, Isabelle Ruiz est au milieu du monde.

Dans Requiem (2008), extrait d'une suite de Roger Lombardot, monologue hanté par les atrocités guerrières dans l'ex-Yougoslavie, elle fait corps avec les mots de l'horreur et donne de la chair et des larmes, du rire parfois, soit une possible identification, à cette douleur , souvent entendue, toujours désincarnée.

Un théâtre, donc, traversé par le bruit et la fureur du monde. La guerre, mais pas seulement.

Avec Andrée Boulais..., c'est de la mise à mort sociale dont il est question. Isabelle Ruiz y affronte Dominique Guibbert en une intense et déjantée chorégraphie aux relents sadiens. Elle y est une consultante chargée d'évaluer-harceler-dégager une cadre senior "burn outée" et totalement déboussolée.

Un jour peut-être, c'est du théâtre dont elle fera le paysage d'une pièce. Une mise en abyme où Isabelle Ruiz dira la difficulté d'être une artiste professionnelle, le parcours de plus en plus compliqué pour monter un projet, les galères d'un petit monde artistique qu'elle aimerait moins étriqué, plus solidaire. 

Depuis deux ans, c'est à Didenheim, dans un lieu baptisé La Petite Echarde, que cette solidarité s'organise et qu'une communauté de théâtre se forme. Doucement...

Mais le théâtre n'attend pas. L'artiste non plus.

Après de nombreuses éditons, elle renonce à poursuivre le festival Art à la Folie, un projet audacieux "devenu trop lourd à porter". Elle n'abandonne pas pour autant ces territoires peu fréquentés par les artistes. Avec "Théâtre en marge pour une citoyenneté en marche", elle mobiise des personnes en suivi psychiatrique autour d'une pièce (Les Branquignols en est la toute dernière et récente création).

Au sein de l'Atelier Théâtre "Femmes d'ici et d'ailleurs" qu'elle anime depuis 2012, Isabelle réunit les diversités cuturelles d'ici (féminines comme l'indique le nom de l'Atelier) pour une aventure scènique (A Dire d'Elles).

D'autres projets sont en cours: un spectacle cabaret en mars à l'Espace Matisse aux Coteaux... Et surtout la nouvelle création de la Cie El Paso, Sous la pierre ... des particules de désir avec Dominique Guibbert, Amin El Barkaoui, danseur circassien, et Isabelle Ruiz, courant 2015.

Une vie de théâtre, comme un engagement autant intime que professionnel, qu'Isabelle Ruiz poursuit en militante de la poésie comme résistance au monde qui vient.

See you Later !

D.