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ZONE 68
5 mars 2015

Le Sniper est dans l'escalier !

Zone 68 -ImageAlors qu'il s'apprête à fêter ses 85 balais (le 31mai prochain), Clint Eastwood signe avec American Sniper l'un de ses meilleurs films.

L'une de ses oeuvres tourmentées et dérangeantes qui, depuis la saga de L'inspecteur Harry, voire même avant, jalonnent la redoutable filmographie du citoyen, et ancien maire, de Malpaso.

Comme si avec l'histoire de Chris Kyle, tireur d'élite des Navy SEAL, sniper "légendaire" à l'effrayant tableau de chasse (officiellement 160 ennemis tués en Irak, mais en privé, le bonhomme en revendiquait 100 de plus !), Eastwood bouclait la boucle en retournant du côté des tueurs officiels et décorés. 

Mais le monde a changé.

L'Amérique est passé à d'autres héros. Et Clint Eastwood est devenu un cinéaste fréquentable, un auteur célébré par la cinéphilie bon teint.

Les justiciers dans les villes des années 80, entre milicien moustachu au fusil à pompe écumant de vengeance froide et triste, tendance Charles Bronson, et flic vicieux au magnum crachant l'ordre à l'haleine sexy mentholée, tendance Dirty "Eastwood" Harry, se finissent au bingo dans des maisons de retraite.

Un an après le 11 septembre, Clint Eastwood se mettait en scène dans le rôle d'un flic greffé du coeur traquant le meurtrier de son donneur.

Depuis Créance de sang, le cinéaste trace donc, hors-piste, hors d'atteinte, une oeuvre virevoltante et au long cours, implacable et impeccable leçon de choses des Etats-Unis d'Amérique.

Ce travail au corps de la bannière étoilée est toujours à l'oeuvre dans American Sniper.

De ce film de commande, adapté des mémoires de Chris Kyle, dont il s'empare après le forfait de Spielberg, Eastwood tire un terrifiant portrait en creux d'un pays en guerre contre lui-même.

Cette Amérique traumatisée, le doigt sur la gachette et au bord de la crise de nerfs, s'incarne toute entière dans le corps massif de bovin sous adrénaline de Bradley Cooper (impressionnant).

La pellicule est, forcément, à double, voire triple détente.

Le film caresse dans le sens du vent, et plutôt allègrement, le patriotisme local, et explose, donc, le box-office US, au risque du retour façon boomerang de la vieille étiquette "réactionnaire".

Propagande.

Pas sûr, pas que ...

Pour Eastwood, l'important est ailleurs.

C'est dans la tête du sniper qu'il nous fait entrer, comme par effraction, dans sa parano galopante, ses angoisses hallucinées et ses démons mortifères.

40 ans après le Vietnam ...

Après Voyage au bout de l'enfer de Michael Cimino ...

Le monde a changé.

Mais l'Amérique est encore malade, toujours ... 

Plus dure sera la rechute.

"You talkin' to me? You talkin' to me? You talkin' to me? Then who the hell else are you talkin' to? You talkin' to me? Well I'm the only one here. Who the fuck do you think you're talking to? "

Travis Bickle (Taxi Driver. Martin Scorcese. 1976)

See You Later !!!

D.

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