Être, ou ne pas (en) Être

Shakespearienne, kafkaïenne, ubuesque ... l'époque ?

Un mix terrible de tout cela avec quelques adjuvants aux effets secondaires virulents.

Ces dernières 24h, on a pu ainsi constater, une fois encore, que la question qui taraude notre société depuis des mois (des années ?) n'est plus tout à fait celle du monologue d'Hamlet.

Insensiblement, on est passé, de "Être, ou ne pas être" à "Être, ou ne pas en être" ...

Soit, pour faire court, de la philo à la coterie, de la métaphysique au tout à l'ego.

Un glissement progressif de la méditation, du sens ...

Vers les rivages ombragés, ombrageux, et très fréquentés, du "J'en suis".

Hier, on entendait donc certains se réjouir que les jeunes profanateurs du cimetière juif de Sarre-Union n'avaient pas agi par antisémitisme (ndlr. A l'heure où nous écrivons ces lignes, le caractère raciste de l'acte est avéré et revendiqué).

Comme si "ne pas en être" en rassurait certains et ôtait à cet acte infect quelques degrés d'ignominie ...

Hier, on se gaussait du col devant les caméras et les micros, gauche de la gauche, frondeurs socialistes et écolos avaient voté "contre" à l'unisson de la droite de la droite, du centre et de la droite ...

Comme si "ne pas en être" exonérait pour une fois les "gauches" d'être avec les "droites" ...

Brouiller les cartes pour éviter de rendre celle de son parti !

Hier, encore, tout le monde, ou presque, s'est levé contre la bave antisémite de l'ancien ministre des affaires étrangères de Mitterrand. 

Il "en était" donc, l'amateur de pompes Berluti (11.000 francs dans les années 90) de cet antisémitisme vieille France ...

Et ses contempteurs, eux, "n'en étaient pas".

Comme si "ne pas en être" ici donnait un coup de projecteur glauque sur tous ceux qui, hier, "n'en étaient pas vraiment ..." ou "qui en étaient, mais ..." (cochez la case correspondante ...) quand il s'agissait du venin négationniste de l'obsédé de la quenelle ...

Sans doute est-il juste urgent, aujourd'hui, de choisir son camp et de prendre position, pour, demain, pouvoir encore se demander qui nous sommes !

D'accord, ben on s'appelle et on en parle, ok ?

See You Later !!!

D.